Introduction générale à la doctrine fasciste de la race (extrait)

Mussolini lut Sintesi di dottrina della razza durant le séjour qu’il fit en Allemagne du 25 au 29 août 1941. « Ayant lu le livre, se souvient Evola dans son autobiographie, il me fit venir [au Palazzo Venezia dans les semaines qui suivirent] et en fit un éloge exagéré, en me disant qu’il avait justement besoin d’une telle doctrine. Elle lui permettait d’envisager des problèmes similaires à ceux rencontrés par l’Allemagne et donc de “s’aligner”, tout en maintenant une attitude indépendante et en affirmant cette orientation spirituelle, cette primauté de l’esprit, qui échappait largement au racisme allemand. En particulier, la théorie de la race aryano-romaine et le mythe correspondant pouvaient compléter l’idée romaine que proposait en général le fascisme et donner un fondement à l’intention de Mussolini de rectifier et d’élever, avec sa “révolution” et son État, le type de l’Italien moyen et d’en faire sortir un nouvel homme ». Mussolini l’autorisa même à donner à la « traduction allemande [de Sintesi] […], qui était en préparation », le titre de Grundrisse der faschistischen Rassenlehre. Le livre, traduit par Evola en collaboration avec une traductrice allemande, fut publié entre l’été 1942 et le début de 1943. Plus qu’une traduction pure et simple de Sintesi, Grundrisse en est une version remaniée. Elle vient d’être publiée en français par nos soins sous le titre d’Introduction générale à la doctrine fasciste de la race ; le texte est précédé d’une présentation à la fois descriptive et critique, des auteurs de langue allemande qui ont eu une influence sur la vision du monde d’Evola et des activités non seulement intellectuelles et culturelles, mais aussi paradiplomatiques, que le « baron » (*), comme l’avait surnommé le Sicherheitsdienst, mena en Allemagne du début des années 1930 à 1943. Il est suivi de l’annexe photographique inclus dans l’original. En voici un extrait.

DEUXIÈME PARTIE. LES TROIS DEGRÉS DE LA DOCTRINE DE LA RACE

1. Sur le concept de race

La doctrine fasciste de la race considère que, pour définir le concept de race, il est nécessaire de partir d’une conception globale et générale de l’être humain, de la connaissance correcte tant des éléments qui le composent que des relations hiérarchiques qui, dans des conditions normales, doivent prévaloir entre ces éléments.

Du point de vue méthodologique, il serait absurde de traiter la doctrine de la race comme une discipline en soi plutôt que dans la relation étroite qui l’unit à une doctrine générale de l’être humain. L’orientation de la doctrine de la race dépendra aussi de la manière dont l’être humain est conçu. Si cette conception est matérialiste, ce matérialisme rejaillira aussi sur le concept de race ; si elle est spiritualiste, la doctrine de la race sera également spiritualiste, car, en considérant ce qui est matériel et conditionné par les lois matérielles dans l’être humain, elle n’oubliera jamais la place hiérarchique et la dépendance fonctionnelle de cette partie dans la totalité de l’être humain. La prétendue « objectivité » de la recherche purement « scientifique », qui fait ostensiblement abstraction des problèmes métaphysiques, loin de n’avoir aucun présupposé comme elle le prétend, est en fait entachée par ceux qui sont inhérents à la conception matérialiste et profane du monde et de l’homme qui était propre au positivisme et au darwinisme du siècle précédent. Il en résulte, dans certains exposés de la doctrine raciale, des partis pris et des déformations dont l’adversaire cherche naturellement à tirer le plus grand avantage possible.

Le concept de race a un sens différent selon la catégorie d’êtres à laquelle il s’applique. Il n’a pas la même signification selon qu’il s’applique à une espèce animale ou à l’homme. En ce qui concerne l’espèce humaine, il ne peut pas non plus avoir le même sens selon qu’il s’agit d’une tribu sauvage ou d’une race supérieure.

Chez un chat ou un cheval pur-sang, l’élément déterminant est l’élément biologique, auquel l’étude des races animales peut donc se limiter. Mais ce n’est plus le cas, lorsqu’il s’agit d’êtres humains ou du moins d’êtres humains dignes de ce nom. L’homme est certes un être biologique, mais il est lié à des forces et des lois d’une autre nature, qui sont tout aussi réelles et efficaces que l’élément biologique et dont l’influence sur lui ne doit pas être négligée.

La doctrine fasciste de la race considère donc qu’une approche purement biologique de la race est inadéquate. Elle prend en outre clairement position contre ceux qui, tout en reconnaissant l’existence d’une réalité psychologique et suprabiologique, la conçoivent comme conditionnée unilatéralement par le seul aspect biologique. La doctrine de la race voit dans cette conception un renversement de l’exigence originellement qualitative et aristocratique de l’idée raciale en une exigence matérialiste et une inversion qui, mutatis mutandis, équivaut à la réduction du supérieur à l’inférieur opérée par la psychanalyse juive et le darwinisme.

En ce qui concerne la définition du concept de race, l’idée d’un conditionnement réciproque du corps et de l’âme, de la substance et de l’esprit, ne doit pas non plus être acceptée sans grande réserve selon notre doctrine. En tout cas, il faut souligner ce qui suit : on ne dépasse pas non plus le matérialisme quand on ne parle plus simplement de race dans le sens anthropologique et biologique le plus étroit, mais de l’« esprit » d’une race au point de formuler une « mystique du sang ». Cette conception n’est valable qu’à condition d’être définie plus précisément. Sinon, il serait facile de constater qu’il existe aussi une « mystique du sang » dans les formes inférieures de communauté humaine, puisqu’elle est caractéristique de nombreuses tribus sauvages de type « totémique ». Le totem n’est ici rien d’autre que l’âme mystique de la tribu, dont les membres la conçoivent en relation étroite avec une certaine espèce animale et la perçoivent comme l’âme de leur âme, comme ce qui est primordial en eux. L’être humain se sent ici moins un individu qu’une communauté, une tribu et une race – bien que dans un sens purement collectiviste – et il en tire ses principaux caractères non seulement biologiques, mais aussi caractériels et – pour autant que l’on puisse en parler ici – culturels et spirituels. Le propre de l’individu à ce stade primitif est aussi de ne pas faire de distinction nette entre le physique et le mental, de faire l’expérience de l’un et de l’autre dans une unité « mystique » confuse. On voit donc quelles voies dangereuses on peut emprunter sans s’en rendre compte quand on parle vaguement d’une « mystique du sang » : en combattant l’universalisme et le rationalisme, on court ici le risque d’ériger en idéal quelque chose qui, malgré les apparences, ramène à des formes de vie naturelles et prépersonnelles et donc de favoriser une véritable régression. Ce fait paraît encore plus évident si l’on se souvient de la doctrine traditionnelle selon laquelle les sauvages ne représentent pas du tout les « primitifs » ou les premiers stades de développement de l’humanité, mais les derniers restes dégénérés, matérialisés et bestialisés de races et de civilisations supérieures antérieures. Il serait donc facile de montrer que le totémisme dont il vient d’être question n’est que la forme dégénérée et crépusculaire d’une toute autre « mystique du sang », qui est celle qui s’exprimait dans le culte aristocratique des « héros » ou demi-dieux des différents clans et tribus et aussi, dans une certaine mesure, dans celui des lares et des mânes du patriciat romain. De tout cela découle donc la nécessité évidente d’une définition plus détaillée.

2. Les trois degrés de la doctrine de la race

Notre doctrine de la race est déterminée par la tradition. Elle se fonde donc sur la conception traditionnelle de l’être humain, selon laquelle cet être est tripartite ou se compose de trois principes différents, à savoir l’esprit, l’âme et le corps. Cette conception ne doit pas être considérée comme une théorie philosophique particulière parmi tant d’autres, auxquelles elle pourrait être comparée et qui pourrait être contestée, critiquée, mais comme une connaissance objective et impersonnelle qui correspond à la nature même des choses. Elle est « traditionnelle » au sens supérieur, car elle se retrouve sous une forme plus ou moins parfaite dans les enseignements de toutes les traditions anciennes jusqu’au moyen âge. La conception aristotélicienne et scolastique des « trois âmes » – la végétative, la sensible et l’intellectuelle –, le ternaire aryano-hellénique formé du soma, de la psyché et du nous, le ternaire romain formé du mens, de l’anima et du corpus, le ternaire indo-aryen composé de qûla-, liñga– et kâraña-çarîra, etc. sont des expressions de la même idée.

Cela étant dit, la doctrine fasciste de la race dépasse aussi bien l’attitude de ceux qui considèrent la race purement biologique comme l’élément déterminant que celle de ceux qui, du point de vue d’une science raciale limitée aux problèmes anthropologiques, génétiques et biologiques, soutiennent que la race est une réalité, mais qu’elle n’a rien à voir avec les problèmes, les valeurs et l’activité spirituelle et culturelle proprement dite de l’homme.

La doctrine fasciste de la race soutient en outre que la race existe dans le corps aussi bien que dans l’âme et dans l’esprit. La race est une force profonde qui se manifeste dans le domaine biologique et morphologique (comme race du corps) ainsi que dans le domaine psychologique (comme race de l’âme) et dans le domaine spirituel (comme race de l’esprit).

Pour donner un aperçu général sur ce triple domaine, il convient de souligner que l’« esprit », dans la conception traditionnelle, est toujours quelque chose de suprarationnel et de supraindividuel ; il n’a donc rien à voir avec l’esprit ordinaire et encore moins avec la pensée terne des intellectuels, des hommes de lettres et des « humanistes ». Il est au contraire l’élément sur lequel repose toute ascèse virile et toute exaltation héroïque, tout effort pour réaliser dans la vie ce qui est plus que la vie. Dans l’antiquité classique, l’esprit, en tant que nous ou mens, était opposé à l’« âme », comme le masculin l’était au féminin et le principe solaire au principe lunaire. Il n’est pas un « adversaire de l’âme », mais une force hiérarchiquement supérieure à celle-ci.

L’âme appartient déjà plus au monde du devenir qu’à celui de l’être. Elle est liée à la force vitale ainsi qu’à la sensibilité et à tout ce qui est soumis à l’influence de la passion. Par ses ramifications dans le subconscient, elle assure la liaison entre le corps et l’esprit. Liñga-çarîra, le terme indo-aryen pour désigner cet élément (appelé « corps subtil » dans certains milieux occidentaux), se réfère en fait à toutes les forces formatrices, plus tout à fait matérielles, sans être encore purement spirituelles, qui agissent dans l’organisme physique, où prennent racine principalement les influences héréditaires, les éléments d’un vécu racial et les éléments acquis de nouveaux matériaux génétiques. Par analogie, le ternaire humain esprit-âme-corps correspond au ternaire cosmique soleil-lune-terre.

De ce point de vue, il faut reconnaître que l’inégalité des individus n’est pas seulement physique, biologique ou anthropologique, mais aussi mentale et spirituelle. Les êtres humains sont différents non seulement au physique, mais aussi par le mental et l’esprit. En conséquence, la doctrine raciale et la science raciale doivent s’articuler en trois degrés. La question de la race doit être posée pour chacun des trois éléments. L’étude de l’homme en tant que corps, être purement naturel et biologique, constitue la tâche proprement dite de la doctrine raciale du premier degré. Vient ensuite l’étude de l’homme en tant qu’âme ou race de l’âme. Pour finir, nous aurons une doctrine raciale du troisième degré, c’est-à-dire l’étude de l’homme considéré non plus en tant que corps ou âme, mais en tant qu’esprit. Ce n’est qu’alors que la doctrine de la race sera complète et qu’il sera facile d’éviter certaines aberrations et de repousser les attaques qui, en raison de l’unilatéralité matérialiste à laquelle il a été fait allusion plus haut, sont portées contre l’idée raciale par un spiritualisme suspect et humanitariste.

Il convient de préciser la différence entre la race de l’âme et la race de l’esprit. La race de l’âme se rapporte à tout ce qui est forme du caractère, sensibilité, inclinaison naturelle, manière d’agir et de réagir, attitude envers ses propres expériences. On se trouve donc dans le domaine de la psychologie et de la typologie : la théorie des types devient ici une science raciale typologique ou typologie raciale, doctrine que L. F. Clauß appelle également « psychologie des races » (« Rassenseelenkunde ») ou psychanthropologie (Psychoanthropologie). Dans cet ordre, on peut, avec Clauß, entendre par « race » un groupe humain déterminé non pas par la possession de tel ou tel caractère physique ou psychologique, mais par le style qui s’exprime par ces caractères.

On voit ainsi la différence qui existe entre l’approche purement psychologique et l’approche raciale, qui est plus profonde. La psychologie ordinaire détermine et étudie certaines dispositions psychiques et les facultés humaines en général. Certains théoriciens de la race ont ensuite tenté de répartir ces dispositions psychologiques entre les différentes races. La doctrine raciale du deuxième degré et la Rassenseelenkunde procèdent d’une autre manière. Elles considèrent que toutes les dispositions psychologiques sont présentes, bien qu’à des degrés divers, dans les différentes races ; mais, dans chaque race, ces dispositions ont une signification et une fonction différentes. Ainsi, notre doctrine n’affirmera pas qu’une race donnée est caractérisée par l’héroïsme, tandis qu’une autre se distingue par des aptitudes mercantiles. On peut trouver dans toutes les races des gens qui ont des dispositions particulières pour l’héroïsme ou le commerce. Toutefois, si de telles dispositions sont présentes, l’homme d’une race donnée les exprimera d’une manière propre à cette même race et se distinguera ainsi d’un homme d’une autre race, chez qui les mêmes dispositions et facultés ont un style différent. Ainsi, il existe différentes manières d’être un héros, un explorateur, un marchand, un ascète, un criminel, etc. De même, par exemple, le sens de l’honneur s’exprime différemment chez les individus de race nordique et chez les individus de race « occidentale » (westlich). Il en va de même pour la « loyauté », etc. C’est grâce à L. F. Clauß qu’ont été clairement établis ces principes fondamentaux de la psychologie raciale, qui peuvent aussi être adoptés d’emblée par la doctrine fasciste de la race.

Voilà pour la définition de la « race de l’âme ». Le concept de « race de l’esprit » est bien différent, car il ne concerne plus la manière dont l’homme réagit psychologiquement à l’environnement et à l’expérience quotidienne ordinaire, mais ses différentes attitudes envers le monde spirituel, surhumain et divin, tel qu’il s’exprime dans les particularités des systèmes spéculatifs, dans les mythes et les symboles et dans les différentes sortes d’expériences religieuses. À cet égard aussi, il existe certains « invariants » ou dénominateurs communs, certaines affinités d’inspiration et d’attitude, qui sont dus à une cause interne et différenciatrice : et c’est précisément la « race de l’esprit ».

Il convient toutefois de souligner la limite qu’il faut fixer à l’idée de différence et de conditionnement racial des valeurs. Ce conditionnement est réel et déterminant également dans le domaine des phénomènes intellectuels, partout où il s’agit des créations d’une civilisation de type « humaniste ». Nous entendons par là les civilisations dans lesquelles l’homme s’est fermé à la possibilité d’une communication réelle avec le monde transcendant et a perdu la compréhension des connaissances qui sont relatives à ce monde et propres à toute tradition digne de ce nom. Si, en revanche, il s’agit de civilisations réellement traditionnelles, l’influence des « races de l’esprit » ne dépasse pas une certaine limite et ne concerne pas tant le contenu que les différentes formes d’expression qu’ont prises, dans tel ou tel peuple, dans tel ou tel cycle de civilisation, certaines expériences ou connaissances qui sont intrinsèquement identiques parce qu’elles se rapportent en fait à un plan surhumain.

3. Les races naturelles et les races supérieures

La doctrine fasciste de la race comprend les relations entre la race et l’esprit d’après ce principe que nous avons déjà évoqué : l’extérieur est une fonction de l’intérieur, la forme physique est un symbole, un instrument et un moyen d’expression d’une forme spirituelle.

À chacun des trois éléments de l’être humain correspondent des forces et des domaines d’expression différents dans lesquels prévalent des lois différentes. Il n’y a pas d’opposition fondamentale entre les deux extrêmes – entre le corps et l’esprit. Ce qui chez l’homme appartient à la « nature », tout en suivant une loi propre qui doit être reconnue, est apte à servir d’organe, de moyen d’expression et d’action à ce qui en lui dépasse la « nature ». Il n’est que dans la vision de la vie des peuples sémitiques et surtout des Juifs que le corps devient – en tant que reflet d’une constitution spécifique et de circonstances particulières – la « chair », la « racine de tous les péchés » et l’adversaire irréductible de l’esprit. Il n’est que dans un néo-romantisme confus et irrationnel que la « vie » et l’« âme » sont élevées au rang d’entités indépendantes et font l’objet d’un culte superstitieux. Normalement, les trois principes sont fondamentalement ordonnés selon une hiérarchie et chacun s’exprime par les autres. Les lois du corps révèlent une réalité psychique et mentale, qui à son tour est l’expression d’une réalité spirituelle. Une manifestation parfaite de la race en tant que corps, âme et esprit constituerait la pureté raciale. La race pure serait donc le type chez lequel les plus hautes aspirations spirituelles d’un groupe humain donné ne rencontreraient aucun obstacle ou contradiction dans le caractère et le style de sa race de l’âme et dans lequel cette âme particulière se trouverait à son tour dans un corps réellement apte à l’exprimer et à la symboliser. Mais il s’agit bien sûr d’un concept limite. Ce type de race pure est rare dans les peuples actuels, qui, comme il a déjà été indiqué, sont principalement des composés de races diverses. Il ne se trouverait d’ailleurs même pas dans une tribu qui serait restée suffisamment à l’écart de toute influence extérieure, car il correspond à un aboutissement et à une réalisation parfaite de la race au sens général. C’est justement à ces points culminants que nous avons dit que les valeurs les plus élevées de la personne coïncident avec celles de la race. Dans la plupart des cas, on ne trouve cependant que des approximations. Ledit élément cherche à trouver l’expression la plus appropriée dans l’espace libre que lui laissent les lois de l’élément qui lui est immédiatement inférieur – ce qui ne doit pas être compris comme un simple reflet, mais comme une action qui, à sa manière, est créatrice, formatrice et déterminante. Ainsi, un compositeur, en respectant et en obéissant aux lois de l’harmonie, qui, en musique, sont dictées par une science exacte et une tradition vivante – en fait, par l’obligation dans laquelle il se trouve de respecter ces lois afin de donner à sa création un style parfait –, doit agir de manière créative. En revanche, les solutions qu’il peut apporter à des problèmes d’expression particuliers peuvent être reprises et incorporées dans la tradition et représentent donc autant d’étapes d’une conquête progressive. Il en va de même du processus d’expression qui s’accomplit à travers les trois éléments de l’être humain, surtout si l’on considère l’individu non pas en lui-même, mais dans son rapport au développement d’une race dans l’espace et le temps.

À cet égard, notre comparaison peut contribuer à clarifier un autre aspect des relations entre la personnalité, la race et l’hérédité. Si la relation normale entre les principes du ternaire humain est la subordination hiérarchique, il peut arriver que les relations entre ces principes soient anormales et inversées et ce cas est même malheureusement le plus courant dans le monde moderne. L’homme peut ne pas placer le centre de son être là où il devrait normalement se trouver, c’est-à-dire dans l’esprit, mais dans un des plans qui y sont subordonnés, dans l’âme ou même dans le corps. Cet élément subordonné prend alors le dessus sur les éléments supérieurs et en fait ses instruments. Si l’on passe de l’individu à ces organismes plus grands que constituent les peuples et les races, on arrive à une première distinction fondamentale : entre les « races naturelles » et les races au sens supérieur, humain et spirituel.

Certaines races peuvent être comparées à l’animal ou à l’homme dégradé qui s’abandonne à un mode de vie purement animal ; ce sont précisément les races naturelles, également appelées telluriques ou « féminines ». Aucun élément supérieur ne les éclaire, aucune puissance d’en haut ne les soutient dans les épreuves de leur vie dans l’espace et le temps. C’est pourquoi l’élément collectiviste prévaut en elles comme instinct, « génie de l’espèce », esprit et unité du troupeau. Ici, le sentiment général d’appartenance à une même race et à un même sang est peut-être encore plus accentué et sûr que chez d’autres peuples, mais il représente toujours quelque chose de subpersonnel et de purement naturaliste. C’est précisément à cet ordre que se rapporte le mode de vie « totémique » des peuples prétendument « primitifs » dont il a déjà été question plus haut. Cependant, les raciologues qui ne considèrent que l’aspect scientifique positif de la recherche – dans notre terminologie : la doctrine raciale du premier degré – auraient toutes les chances de trouver justement chez ces « races naturelles » la confirmation de leurs conceptions et des lois qu’ils ont établies. Ici, en effet, ces lois ne sont pas affectées de manière significative par l’intervention d’autres principes, qui ne peuvent plus être identifiés par les mêmes méthodes de recherche.

Chez d’autres races, l’élément naturaliste conserve sa fonction normale de véhicule et de moyen d’expression d’un élément supérieur, suprabiologique, qui est au premier ce que, dans l’individu, l’esprit est au corps. Un tel élément se révèle presque toujours dans la tradition de ces races et donc aussi dans l’élite qui incarne cette tradition et la maintient en vie. Dans ces cas, derrière la race du corps et celle de l’âme, il y a donc une race de l’esprit, qu’elles expriment plus ou moins parfaitement selon les hommes et les classes qui forment un peuple.

Cette vérité a été clairement perçue et exprimée sous forme symbolique partout où l’Antiquité attribuait un caractère « divin » ou « céleste » à une certaine race, un certain clan ou une certaine caste et des traits surnaturels et « héroïques » à son ancêtre ou législateur primordial. Il s’agit donc d’un domaine où la simple pureté du sang ne suffit plus pour déterminer l’essence et la dignité d’un certain groupe humain. Comme nous l’avons déjà mentionné, cela ressort du fait même que, partout où le système des castes prévalait, souvent dans le but de séparer les différentes couches raciales, chaque caste pouvait se considérer comme « pure », car la loi de l’endogamie et du non-mélange s’appliquait à toutes. Le fait de n’être pas seulement de « sang pur », mais, dans un sens symbolique, de sang « divin » caractérisait la caste ou la race supérieure par rapport à la plèbe ou aux races que nous avons appelées « naturelles ». Nous verrons que la conception du type « aryen » propre aux anciennes civilisations indo-germaniques d’Asie correspond exactement à cette idée, que l’on retrouve d’ailleurs également dans les traditions classiques et nordiques relatives à la noblesse sacrée.

Les peuples chez lesquels le centre de la race se trouve dans la « nature » s’opposent ainsi aux peuples chez lesquels elle réside dans l’esprit. C’est précisément dans ces termes que doit être posée la question de la différence entre les races supérieures et inférieures, entre les races « aryennes » et les races non aryennes, tellurico-matriarcales, enfermées dans le cercle éternel de la procréation animale : la biologie et l’anthropologie ne pourraient jamais rendre compte à elles seules d’une telle différence, qui est déterminante pour nous.

4. La race de l’esprit en tant que force formatrice – Sens de l’idéal aryen classique

Le point de vue qui vient d’être exposé est particulièrement important pour la compréhension des relations entre la race et la personnalité. Si l’homme doit aux forces de l’instinct, du sang et de l’hérédité physique tout ce qui forme et soutient sa vie, il appartient toujours à la « nature ». Dans ces conditions, il peut certes développer des capacités supérieures, mais ces capacités seront toujours une expression de la nature, non un attribut de la personne, tout comme les splendides traits que l’on peut admirer chez un tigre « racé » ou chez tout autre animal « de pure race ». On ne passe du domaine de la nature à celui de l’esprit (qui, répétons-le, n’a rien à voir ici avec l’érudition, la littérature, le dilettantisme intellectuel, etc.) que lorsque se manifeste une force d’un autre genre. Grâce à cette force, les relations entre les éléments de l’être humain sont réorganisées ou plutôt réordonnées de manière adéquate. Ce ne sont plus les lois et les instincts de l’individu biologique et naturel qui conditionnent toutes les valeurs, tout au contraire. L’essentiel devient une loi immatérielle et un « style » qui, bien qu’ils prennent la « nature » comme matière première, ne s’y laissent pas ramener et témoignent de la présence et de la force formatrice et vivifiante d’un élément suprabiologique qui est dans le même rapport avec la nature que le principe masculin avec le principe matériel, féminin. Ce n’est que par rapport à un tel élément que l’on peut parler de personne. Partout où il est question de l’homme en tant que tel et non de l’homme en tant qu’animal (même s’il est « supérieur ») ou de l’homme dégradé, la race est précisément ce style, cette loi effective d’en haut.

Il peut donc arriver qu’une science raciale incomplète limite ses recherches et ses observations à de simples effets – on pourrait dire : à la natura naturata par opposition à la natura naturans. Les « faits » qu’elle étudie ne sont dans de nombreux cas que la survivance automatique d’une action formatrice et vivifiante lointaine et achevée ; ce sont des cadavres ou des masques de races et non des races vivantes. Dans le monde moderne, les peuples qui conservent encore une certaine pureté raciale sont précisément à demi éteints. Cela peut expliquer, sans la justifier, l’étroitesse de doctrine d’une certaine science raciale et l’unilatéralité et les malentendus qui en découlent. Notre doctrine de la race – dans la mesure où elle veut rester fidèle à l’esprit de la tradition et avoir valeur d’idée rénovatrice et stimulante – doit adopter des points de référence bien supérieurs.

La concordance de l’esprit, de l’âme et du corps dans une unité organique supérieure est, comme nous l’avons vu, l’essence de la pureté raciale et est généralement et à juste titre considérée comme déterminante pour un idéal spécifiquement aryen et classico-aryen. Mais, là aussi, il ne faut pas faire l’erreur de limiter l’étude aux effets et aux capita mortua. À notre avis, il est légitime de supposer qu’il y a eu une époque où les hommes se trouvaient effectivement dans un état « olympien », par quoi nous entendons une manière d’être dans laquelle le divin et le surnaturel se manifestent pour ainsi dire de manière naturelle, comme une présence calme ; on verra que nous mettons cet état en relation très étroite avec la période la plus ancienne de la civilisation de la race hyperboréenne, dont il sera question plus loin et que nous considérons comme la souche de toutes les principales races dominantes aryennes. Il existe cependant des raisons tout aussi valables d’exclure qu’il soit possible de faire référence à quelque chose de similaire à l’époque moderne et dans le cycle des grandes civilisations historiques. Même chez les Aryens d’il y a deux ou trois mille ans, nous verrons qu’une sorte de seconde naissance, c’est-à-dire une régénération et une profonde transformation intérieure, était la condition indispensable pour devenir membre à part entière de cette race du corps et de cette race de l’esprit qui définissaient l’ancien concept d’« aryanité ».

Nous ne devons donc pas laisser subsister de malentendus au sujet de l’idéal classique et nous devons surtout nous garder de le confondre avec l’état dans lequel l’unité absolue du corps et de l’âme n’est qu’un mélange prépersonnel et naturel. Le véritable idéal classique se réfère à un état dans lequel l’élément spirituel a pleinement réalisé sa propre force et sa propre loi et a pris possession de son corps, en en faisant son expression vivante, absolue et manifeste par une harmonisation parfaite du contenu et de la forme. Trop souvent, on admire au contraire dans l’idéal classique la pure extériorité, le signe et l’écho d’une grandeur intérieure qui se transmettait même dans le sang et la race du corps. Dans cette erreur, la myopie de certains théoriciens de la race rejoint la superficialité esthétisante d’une certaine approche mi humaniste, mi archéologique.

5. Sur les préjugés contre l’ascèse

De même qu’un homme est d’autant plus digne de ce nom qu’il se montre capable de donner une loi et une forme à ses instincts immédiats, à son caractère et à ses actes, ainsi une race est d’autant plus grande que sa tradition nationale a son pendant dans une tradition spirituelle dominante et que ces deux traditions sont indissolublement liées l’une à l’autre.

En raison des innombrables mélanges qui se sont produits et de l’affaiblissement intérieur des quelques noyaux raciaux encore relativement purs, la réalisation effective de l’unité supérieure et véritablement aryano-classique est, à l’époque moderne, soumise à certaines conditions. La première consiste à créer une certaine distance entre le corps et l’esprit, entre la réalité physico-psychique et la réalité métaphysique, entre la vie et ce qui est « plus-que-la-vie », comme condition préalable à une tension ascétique et héroïque qui permette à l’élément central et viril de l’homme de se réveiller, de se libérer et de se réaffirmer. Si cette condition préalable n’est pas remplie, alors, à quelques exceptions près, aucune réalisation raciale supérieure ne sera possible, la race ne manifestera que la « nature » et l’idéal de force, de santé et de beauté ne sera qu’« animal » et sera dépourvu de toute lumière intérieure.

Une caractéristique certaine des cas dans lesquels la pensée raciale tend à prendre cette mauvaise direction est le préjugé antiascétique. Le motif de la « chute » de l’« homme primitif » ou d’une certaine race « divine », qui revient dans toute une série d’enseignements traditionnels, dont la doctrine aryenne des quatre âges du monde, ne doit pas être considéré comme une fiction religieuse, mais comme la transcription mythologique d’une réalité historique. L’un de ces enseignements se rapporte notamment au processus de régression auquel l’espèce humaine a été soumise depuis les temps les plus reculés et qui a abouti à sa matérialisation presque complète. Ceux qui croient que la vraie spiritualité est quelque chose qui peut être atteint sans surmonter et subjuguer l’élément purement humain, sans restreindre le sentiment physique du moi, en bref sans ascèse, semblent n’avoir aucune idée de ce processus. Pour donner une forme et un sens à la vie, il faut d’abord réaliser ce qui est au-delà de la vie ; pour réveiller la race de l’esprit et, à travers elle, relever celle du corps, il faut être capable de s’y élever, ce qui suppose à nouveau l’ascèse, c’est-à-dire le détachement conscient, le dépassement héroïque, la plus haute tension spirituelle.

L’ascèse, en tant que discipline intérieure virile, était connue de toutes les civilisations aryennes. Dans sa véritable signification, elle visait entre autres à supprimer l’influence des instincts et des passions, exacerbée principalement par le mélange avec le sang de races méridionales non aryennes et à renforcer la nature froide, supérieure et inébranlable qui caractérisait à l’origine la race hyperboréenne et toutes ses branches en tant que races dominantes. Ainsi, nous voyons dans le Bouddha, non pas le « saint » pâle et étranger au monde, mais la réapparition de ce surhomme royal, solaire, conquérant des pouvoirs visibles et invisibles, qui était déjà caractéristique des premiers Aryens de la période védique. De même, le sage stoïcien, par son héroïsme froid, son isolement viril, son invulnérabilité et sa dignité indomptable, est en quelque sorte une réincarnation de l’ancien type aryano-romain et nous reconnaissons même en Maître Eckhart la manifestation d’un esprit nordico-aryen supérieur. Ce n’est que lorsque l’ascèse a dégénéré en une piété subjective orientée vers une fausse transcendance que cette signification supérieure et aryenne n’a plus été comprise et que, en réaction, on en est même venu à supposer que le mysticisme romantique de la « vie » et de la « nature » s’inspirait davantage de l’idéal nordique et aryen que de l’idéal ascétique. La religion chrétienne a en effet donné naissance à certaines formes anormales d’ascèse, dont la signification fondamentale est une sorte de masochisme, un renoncement passionné et douloureux à des choses qui sont pourtant désirées, sans idée claire du but et sans intention « technique » précise. Ainsi, de nombreux milieux ont encore tendance à concevoir l’ascèse comme la simple échappatoire que trouvent ceux qui ne peuvent pas supporter la vie, une complication spirituelle malsaine, quelque chose de futile et d’inutile. Compte tenu d’une telle incompréhension de l’ascèse et de la réalité suprasensible et de l’exaltation des formes les plus primitives de la doctrine de l’immanence et du panthéisme qui y est habituellement liée, toutes les formes d’héroïsme, d’activisme et de virilité auraient pour seul effet le renforcement de la sensation purement physique et biologique du moi, le durcissement et la matérialisation du sentiment de volonté, de puissance, d’individualité, de santé, de devoir, de lutte et même de race, ce qui constituerait un obstacle à la libération intérieure et à la restauration de cet élément qui, comme nous l’avons vu, correspond à la « race de l’esprit », la race olympienne, la seule qui soit véritablement civilisatrice et présente les caractéristiques des « super-races ».

Partout où l’idée raciale s’égare dans cette direction, on peut supposer qu’elle subit elle-même des influences obscures dans un épisode de cette guerre secrète et souterraine dont nous avons parlé. Il suffit en effet d’en faire une imitation zoologique, profane, scientifique et matérialiste, pour qu’elle soit exclue des idées qui pourraient réellement favoriser le redressement des peuples occidentaux. Mais puisque, comme le constate la science de la subversion, la tactique des « substitutions falsificatrices » est, à l’époque moderne, l’un des moyens les plus couramment utilisés par les forces obscures (1), il est même permis de soupçonner que de telles aberrations ne sont pas fortuites, mais obéissent à des suggestions bien précises.

6. Sur la doctrine de la race du premier degré

La doctrine raciale du premier degré doit étudier l’être humain d’un point de vue physique et, en général, du point de vue des lois purement naturelles, biologiques, anthropologiques et physiologiques auxquelles il est soumis. Ainsi, cette doctrine de la race peut aisément adopter les méthodes générales de recherche des sciences naturelles. Sa première tâche est descriptive. L’anthropologie avait déjà défini les caractères typiques des différents groupes humains d’après leur présence dans le plus grand nombre possible d’individus. La recherche moderne est allée plus loin à bien des égards. En premier lieu, elle a tenté de déterminer certains caractères raciaux de manière plus positive, par des méthodes de mesure, d’où l’introduction des angles faciaux, des proportions du crâne, des membres, etc. En second lieu, elle a découvert dans ce que l’on entendait généralement par « race blanche » ou « indo-européenne » des unités raciales élémentaires qui pouvaient être déterminées avec la même précision. En troisième lieu, elle a mis particulièrement l’accent sur la théorie de l’hérédité ; elle a attiré l’attention sur l’existence de facteurs primaires (héréditaires) ou gènes et en a fait le véritable fondement de tous les caractères raciaux. On sait que ces gènes expliquent non seulement le type normal d’une race donnée, mais aussi son phénotype ou paravariation du type, autrement dit les manifestations du type racial originel, qui varient entre certaines limites selon les diverses conditions du milieu. La race a une certaine plage de réaction au milieu ; son type peut changer, mais seulement de façon temporaire et superficielle, comme un corps élastique qui reprend sa forme initiale dès que cesse l’action de la force qui l’a modifié. Mais c’est cet élément racial héréditaire, toujours prêt à réapparaître et à s’exprimer, qui doit être considéré comme déterminant, essentiel, décisif et constant.

Nous supposons que le lecteur connaît les principales classifications des types raciaux primaires dont sont composés la race blanche et les principaux peuples européens. Nous nous limiterons ici à dire brièvement ce qu’il faut en penser du point de vue traditionnel et ce qu’elles ont d’acceptable pour une doctrine complète de la race.

Afin de déterminer quelles races doivent être considérées comme les souches dont sont issus par différenciation les différents types raciaux et de s’orienter dans l’examen des composés, il est nécessaire de circonscrire les recherches dans le temps. Les recherches raciales les plus récentes ont largement dépassé les horizons temporels des études raciales antérieures et ont souvent pénétré dans le domaine de la préhistoire la plus lointaine. Mais, à cet égard, il faut être clair : une fois que l’on a rejeté le mythe évolutionniste et donc nié que l’homme ressemble de plus en plus à l’animal à mesure que l’on remonte dans le temps, des horizons encore plus lointains peuvent toujours s’ouvrir. L’application aux races de la doctrine traditionnelle relative aux « lois cycliques » permet en effet une exploration presque illimitée, à condition de disposer de moyens de recherche adaptés, qui ne sont évidemment pas ceux des disciplines « positives » modernes. Une telle relativité est particulièrement importante lorsqu’on veut déterminer la pureté, l’originalité ou la supériorité d’une race particulière. En ce qui concerne les peuples sauvages, nous avons déjà souligné l’erreur de les qualifier de « primitifs » ou d’originels, puisqu’ils sont en réalité les restes dégénérés de races préhistoriques supérieures. On pourrait en dire autant de diverses races « de couleur » plus importantes étudiées par la doctrine raciale du premier degré. Il faut donc fixer un point de départ, une limite à l’exploration des origines, non pas arbitrairement, mais en tenant compte de ce qui peut être significatif pour le cycle auquel appartient l’humanité actuelle. Une telle limite est d’ailleurs incomparablement plus éloignée que celle à laquelle sont parvenues les recherches « positives » les plus audacieuses, de sorte qu’il vaut mieux la déterminer par les conditions qui y correspondent que par un point dans le temps.

Dans notre livre Révolte contre le monde moderne, nous avons déjà présenté les enseignements traditionnels relatifs à la race et à la civilisation hyperboréennes et à la patrie ancestrale de cette race, l’Arctique. À cet égard, nous devons faire une observation. Certains écrivains modernes ont avancé des idées similaires, en particulier au sujet du mythe nordique. Cela ne nous autorise cependant pas à supposer que l’idée hyperboréenne ou arctique est une hypothèse parmi d’autres formulées par les chercheurs modernes. Elle correspond au contraire à une connaissance d’ordre « traditionnel » qui s’est maintenue dans de nombreux cercles ésotériques, même dans les temps passés, bien avant qu’il ne soit question de théorie raciale. La valeur de cette idée est donc indépendante des efforts de ceux qui en ont eu une connaissance confuse et ont cherché à la justifier par des méthodes « scientifiques » et à l’aide d’éléments peu consistants. Le rôle que joue l’idée nordique dans de nombreux courants qui s’occupent actuellement de questions raciales doit donc être vu comme la conséquence d’une vérité supérieure, qui n’a pour l’instant été que pressentie et entrevue et a presque toujours été exprimée de manière inappropriée. En effet, ce que beaucoup de ces auteurs entendent par « nordique » et les formes culturelles et spirituelles qu’ils considèrent comme nordiques ou n’ont que peu de rapport avec la race et la tradition hyperboréennes ou se réfèrent à leurs restes et à leur écho déformé. De plus, les efforts de certains de ces auteurs pour utiliser la thèse en question à des fins politiques temporelles ont contribué à rendre ce pressentiment encore plus confus.

Ainsi, par exemple, il serait arbitraire de considérer les tribus germaniques comme les seuls représentants purs de l’élément nordique primitif et donc d’en tirer la conclusion unilatérale qu’elles en descendent en ligne directe, là où il ne s’agit que d’une origine commune. Il ne peut être question d’ascendance qu’en ce qui concerne la race primitive hyperboréenne commune, qui, cependant, remonte à des temps préhistoriques si lointains que toute tentative de la part d’un peuple historique, à plus forte raison moderne, de revendiquer pour lui seul l’ascendance de cette race primitive serait vaine. Il serait encore plus arbitraire d’établir une relation entre la race nordique primitive et les habitants actuels de l’Europe du Nord en raison de la persistance chez ceux-ci des caractères physiques de celle-là, car ces caractères ne disent rien de précis et de décisif du point de vue d’une théorie complète de la race. Ce qui est beaucoup plus remarquable, c’est la « neutralisation » de l’élément nordique originel chez ces peuples, qui sont certes restés dans leur région d’origine, mais qui, du point de vue de la race intérieure, se sont souvent beaucoup plus éloignés de cet élément que les autres peuples de la même famille qui ont quitté cette région depuis longtemps. La preuve en est que les pays nordiques et le mythe de l’Arctique sont mieux compris parmi les peuples d’Europe centrale et même en Italie que parmi les habitants actuels de régions beaucoup plus septentrionales, comme la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Angleterre, etc. qui ont souvent pris clairement position contre ce mythe et la nouvelle idée raciale en général.

7. La race hyperboréenne et ses branches

L’étude des origines dans notre doctrine de la race peut prendre comme limite l’époque où la race hyperboréenne dut quitter, par vagues successives et dans des directions différentes, la zone arctique, devenue inhabitable à cause de la glaciation. Dans le livre que nous avons déjà mentionné, nous avons apporté des preuves qui justifient l’hypothèse selon laquelle la région arctique ne fut recouverte de glaces qu’à partir d’une certaine période. À cet égard, les souvenirs conservés dans les traditions de tous les peuples sous la forme de divers mythes, dans lesquels cette patrie primitive est toujours décrite comme une terre du soleil, une île de splendeur, la terre sacrée du dieu-soleil, etc., sont assez éloquents. À l’époque où commencèrent les migrations hyperboréennes préhistoriques, la race hyperboréenne pouvait être considérée comme la race supérieure par excellence, car la super-race, la « race olympienne », par sa grande pureté, reflétait la race de l’esprit elle-même. La plupart des autres peuples à cette époque semblent avoir appartenu dans leur ensemble soit à des races « de type naturel » ou « de type animal », soit à des races qui avaient dégénéré en des « races naturelles ». Les enseignements traditionnels parlent d’une race et d’une civilisation antarctiques qui étaient déjà en déclin à l’époque des premières migrations et implantations hyperboréennes et dont les vestiges lémuriens se conservèrent dans d’importants groupes de races négroïdes et malaises. Une autre race, distincte tant de l’hyperboréenne que de la lémuro-antarctique, était celle dont le premier sous-groupe, jaune brunâtre (race finno-mongoloïde), habitait à l’origine le continent européen et dont le second sous-groupe, brun rougeâtre, occupait, avec une partie du sous-groupe jaune brunâtre, certaines régions de l’Amérique et des terres atlantiques aujourd’hui disparues.

Il serait évidemment absurde de se risquer à établir une typologie exacte des races préhistoriques et de leurs premiers croisements d’après leurs caractères extérieurs. On ne doit s’y référer que pour éviter les malentendus et pour pouvoir nous orienter dans les formations ethniques des époques ultérieures. L’étude des crânes fossiles ne nous apprend pas grand-chose non plus, parce que même la simple race du corps n’est pas caractérisée par le crâne seul et aussi parce qu’il semble raisonnable de supposer que les restes fossiles de certaines de ces races n’ont pas pu se conserver jusqu’à nous. Le crâne long, la tête étroite, la taille haute et élancée, les cheveux blonds, la peau claire et les yeux bleus sont connus pour être caractéristiques des derniers descendants des races qui vinrent directement de la région arctique. Rien de tout cela ne peut cependant être décisif. Même si l’on veut limiter la recherche à l’ordre positif, il est nécessaire, pour s’orienter en la matière, de se référer aux considérations relatives au deuxième degré de la doctrine de la race. Nous avons déjà répété à plusieurs reprises que l’essence de la race ne réside pas dans les seuls caractères physiques, anthropologiques et morphologiques, mais dans la signification fonctionnelle qui leur est attribuée dans un certain type humain pris dans sa totalité. En effet, des personnes au crâne long et à la taille haute et élancée se rencontrent également chez les races négroïdes, des personnes au teint clair et aux yeux bleus chez les Aïnos d’Extrême-Orient et dans certaines tribus malaises, bien que, chez ces races, ces caractères aient naturellement une signification tout à fait différente. Il ne faut pas non plus y voir uniquement des anomalies ou des facéties de la nature, car, dans certains cas, il peut s’agir de la survivance physique affaiblie de traits d’autres races, qui, à leur apogée, purent avoir des caractères similaires à ceux qui, dans la période que nous considérons, étaient concentrés dans l’élément nordico-hyperboréen, chez lequel ils furent accompagnés, jusqu’à une époque relativement récente, par la signification et la race intérieure qui leur correspondaient.

En ce qui concerne les migrations des races d’origine hyperboréenne, nous nous limiterons à mentionner trois courants principaux. Le premier suivit la direction du nord-ouest au sud-est jusqu’à la région indo-iranienne ; ses derniers descendants sont les races indienne, indo-afghane et brachycéphale de Peters. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les traces de cette grande migration sont moins visibles ou du moins plus confuses en Europe qu’en Orient, car, en Europe, différentes vagues et donc des couches raciales successives se superposèrent. Outre ce courant qui suivit la direction du nord-ouest au sud-est et que l’on peut appeler « courant diagonal » nordico-aryen, un deuxième suivit la direction de l’ouest à l’est et nombre de ses branches créèrent, notamment dans la région méditerranéenne, des foyers de civilisation qui doivent souvent être considérés comme encore plus anciens que ceux du « courant diagonal », car il ne s’agit pas toujours de migrations effectuées sous la contrainte des circonstances, mais aussi d’une colonisation, qui eut lieu avant que les foyers de civilisation d’origine hyperboréenne n’aient été détruits ou soient devenus inhabitables. Nous pouvons appeler ce second courant, avec le groupe racial correspondant, aryano-atlantique, nordico-atlantique ou atlantico-occidental. Il provenait en fait d’une terre atlantique où s’était formé un centre qui était à l’origine une sorte d’image du foyer hyperboréen. Cette terre fut détruite par une catastrophe naturelle, dont le récit mythologique se retrouve également dans les traditions de presque tous les peuples. Les vagues de colonisation furent donc suivies par de véritables vagues de migration.

Nous venons de dire que la terre atlantique abritait à l’origine une sorte de reproduction du foyer de la civilisation hyperboréenne, car les informations qui sont arrivées jusqu’à nous laissent supposer que les peuples nordiques primitifs qui avaient déjà migré vers le Sud à l’époque préhistorique subirent ultérieurement une décomposition spirituelle et raciale. À cet égard, le mélange avec les autochtones de race rouge brunâtre semble avoir eu sur eux un effet dissolvant non négligeable. On en trouve une indication claire dans le mythe platonicien de l’Atlantide. Ici, l’union des « fils des dieux » (les Hyperboréens) avec les indigènes est vue comme un sacrilège contre la race et est représentée d’une manière similaire à celle dont d’autres récits mythiques dépeignent la « chute » que subit la race céleste – les « anges » ou encore les fils des dieux, ben elohim –, pour s’être unie à une certaine époque aux filles des hommes (les races inférieures) et avoir ainsi commis une souillure que certains textes comparent de manière significative au péché de sodomie, au crime de bestialité.

Julius EVOLA

(*) Voir, au sujet de ce titre nobiliaire, par lequel il acceptait de se faire appeler, https://www.academia.edu/43914122/Julius_Evola_Was_He_a_Baron_or_Not_English_.

(1) Voir notre essai « Die Waffen des geheimen Krieges », Der Tat, n° 2, 1939, p. 745-53.